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IMMUNOLOGIE – CHAPITRE
TROIS
ANTIGENES
Gene Mayer,
Ph.D.
Emertius Professor of Pathology, Microbiology and Immunology
University of South Carolina
Denis
Hudrisier, Ph.D.
Centre national de la recherche scientifique (CNRS) · Institute of
Pharmacology and Structural Biology
Université de Toulouse
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LECTURES
Male et al.
Immunology
7ème édition pp7, 10-13 et 165-167
Murray, et
al. Medical Microbiology
5ème edition, pp 109-110
OBJECTIFS DU COURS
Comparer et faire la
différence entre antigène, immunogène et haptène
Décrire les facteurs
influençant l’immunogénicité
Définir la nature
chimique des immunogènes
Comparer le structures
des antigènes T-indépendants et T-dépendants
Présenter la notion de
couple haptène-porteur et en décrire la structure
Caractériser les
déterminants antigéniques
Présenter le concept de superantigènes |
I. DEFINITIONS
A. Immunogène
Une substance qui induit une réponse immune spécifique.
B. Antigène (abréviation : Ag)
Une substance qui réagit avec les produits d’une réponse immune
spécifique.
C. Haptène
Une substance non-immunogène mais qui peut réagir avec les produits
d’une réponse immune spécifique. Les haptènes sont des molécules trop
petites pour induire une réponse immunitaire spécifique lorsqu’elles
sont administrées seules mais peuvent induire cette réponse lorsqu’elles
sont couplées à une molécule porteuse. Une fois la réponse induite,
certains produits de la réponse peuvent réagir avec l’haptène seul. Les
haptènes sont donc antigéniques mais pas immunogéniques.
D. Epitope ou Déterminant Antigénique
La partie d’un antigène qui se combine avec les produits de la
réponse immune spécifique
E. Anticorps (Abréviation : Ab)
Une protéine de la réponse immune spécifique produite en réponse à un
immunogène et qui réagit avec un antigène.
II. FACTEURS INFLUENCANT
L’IMMUNOGENICITE
A. Contribution de l’Immunogène
1. Caractère étranger
Le système immunitaire discrimine normalement entre le NON SOI et le
SOI de telle sorte que seules les molécules étrangères sont
immunogènes.
2. Taille
Il n’y a pas de taille absolue au-dessus de laquelle une substance
est immunogène. Toutefois, de façon générale, plus une molécule est
de grande taille et plus elle est immunogène.
3. Composition chimique
En général, plus une substance est chimiquement complexe et plus
elle est immunogène. Les déterminants antigéniques sont créées par
la séquence primaire des résidus dans un polymère et/ou par les
structures secondaires, tertiaires ou quaternaires de la molécule.
4. Forme physique
En générale, les antigènes particulaires sont plus solubles que les
antigènes solubles. Par ailleurs, les antigènes dénaturés sont plus
immunogènes que les antigènes natifs.
5. Caractère dégradable
Les antigènes facilement phagocytés sont généralement les plus
immunogènes. Cela est dû au fait que, pour la plupart des antigènes
(les antigènes T-dépendants, voir plus loin), le développement de la
réponse immunitaire nécessite que l’antigène soit phagocyté, dégradé
et présentés aux lymphocytes T auxiliaires par une cellule
présentatrice d’antigène (APC).
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MOTS-CLES
Immunogène
Antigène
Haptène
Epitope
Déterminant antigénique
Anticorps
Antigène T-indépendant
Antigène T-dépendant
Couple haptène-porteur
Déterminant natif
Déterminant hapténique
Superantigène
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B. Contribution du système biologique
1. Facteurs génétiques
Certaines substances sont immunogènes chez une espèce et pas chez
une autre. De la même façon, au sein d’une même espèce, une
substance peut être immunogène chez un individu et pas chez un autre
(certains sont répondeurs et d’autres non-répondeurs). Cela peut
s’expliquer par exemple par le fait que les espèces ou les individus
peuvent ne pas avoir les gènes ou alors une forme modifiée des gènes
codant pour les récepteurs d’antigènes sur les lymphocytes T et B ou
des gènes inappropriés codant pour des molécules impliquées dans la
présentation des antigènes aux lymphocytes T auxiliaires.
2. Age
L’âge peut aussi avoir une influence sur l’immunogénicité.
Habituellement, les individus très jeunes ou très vieux ont une
capacité moindre à produire des réponses immunitaires suite à
l’injection d’un antigène.
C. Méthod d’Administration
1. Dose
La dose à laquelle l’immunogène est administré peut influencer son
immunogénicité. Il existe une dose au dessus de laquelle et au
dessous de laquelle la réponse immunitaire contre un antigène donné
sera sous-optimale.
2. Voie d’administration
En général, la voie d’administration sous-cutanée est meilleure que
les voies intraveineuses ou intra-gastriques. De plus, la voie
d’administration peut aussi influencer la nature de la réponse
immunitaire.
3. Adjuvants
Les substances qui augmentent la réponse immunitaire contre un
immunogène sont appelées « adjuvants ». L’utilisation d’adjuvants
est souvent limitée par leurs effets indésirables que sont la fièvre
et l’inflammation.
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Figure 1a
Immunogénicité des molécules biologiques
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III. NATURE CHIMIQUE DES
IMMUNOGENES
A. Protéines
La grande majorité des immunogènes sont des protéines. Cela peut être
des protéines pures mais aussi des glycoprotéines ou lipoprotéines. En
général, les protéines sont de très bons immunogènes.
B. Polysaccharides
Les polysaccharides purs et les lipopolysaccharides sont de bons
immunogènes.
C. Acides Nucléiques
Les acides nucléiques sont généralement assez peu immunogènes. Toutefois
ils peuvent devenir assez immunogènes sous une forme simple brin ou en
complexe avec des protéines.
D. Lipides
En général, les lipides ne sont pas immunogènes mais ils peuvent
constituer des haptènes.
Voir figure 1a.
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Figure 1b
Même déterminant antigénique répété plusieurs fois dans un même antigène.
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IV. TYPES D‘ANTIGENES
A. Antigènes T-indépendants
Les antigènes T-indépendants sont des antigènes qui peuvent directement
stimuler les lymphocytes B pour leur faire produire des anticorps de
haute affinité sans avoir recours à l’aide des lymphocytes T. En général,
les polysaccharides sont des antigènes T-indépendants. Les réponses
immunitaires contre ces antigènes diffèrent de celles des autres
antigènes.
Propriétés des antigènes T-indépendants
1. Structures polymériques
Ces antigènes sont caractérisés par le fait que le même déterminant
antigénique est répété plusieurs fois, comme illustré dans la Figure
1b.
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2. Activation polyclonale des cellules B
Nombre de ces antigènes peuvent activer des clones de lymphocytes B
spécifiques d’autres antigènes (on parle d’activation polyclonale). Les
antigènes T-indépendants peuvent être subdivisés en deux types, type 1
et type 2, en se basant sur leur capacité à activer les cellules B de
façon polyclonale. Les antigènes T-indépendants de type 1 sont des
activateurs polyclonaux alors que les antigènes T-indépendants de type 2
ne le sont pas.
3. Résistance à la dégradation
Les antigènes T-indépendants sont généralement plus résistants à la
dégradation et persistent donc plus longtemps, ce qui conduit à une
stimulation continue du système immunitaire.
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Figure 2
Les antigènes T-dépendants sont caractérisés par quelques copies de
plusieurs déterminants antigéniques différents
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B. Antigènes T-dépendants
Les antigènes T-dépendants sont définis par le fait qu’ils ne
peuvent déclencher la production d’anticorps de haute affinité sans
l’aide des lymphocytes T auxiliaires. Ce sont des protéines. Sur le
plan structural, ces antigènes sont caractérisés par la présence de
quelques copies de déterminants antigéniques multiples comme
illustré dans la Figure 2.
V. COUPLES HAPTENE-PORTEUR
A. Définition
Les couples haptène-porteur sont constitués de molécules immunogènes
auxquelles les haptènes ont été couplés de façon covalente. La
molécule immunogène est qualifiée de « porteur ».
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Figure 3
Les couples haptène-porteur possèdent des déterminants antigéniques
natifs du porteur auxquels s’ajoutent des déterminants de l’haptène
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B. Structure
Sur le plan structural, ces couples sont caractérisés par le fait
qu’ils cumulent les déterminants antigéniques natifs de la molécule
porteuse auxquels se rajoutent de nouveaux déterminants créés par la
liaison de l’haptène (déterminants hapténiques) comme illustré dans
la Figure 3. Le déterminant réellement crée par l’haptène est en
fait l’haptène lui-même et quelques résidus adjacents de la protéine
porteuse. Néanmoins, l’anticorps produit contre le déterminant
hapténique réagit avec l’haptène seul. Dans ces couples, c’est la
molécule porteuse qui déterminera si l’antigène est T-dépendant ou
T-indépendant.
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Figure 4
Les déterminants antigéniques sont limités aux parties de l’antigène
accessibles aux anticorps (en noir ): exemple d’une protéine de liaison
au Fer
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VI.
DETERMINANTS ANTIGENIQUES
A. Déterminants
reconnus par les lymphocytes B
1. Composition
Les déterminants antigéniques reconnus par les lymphocytes B et les
anticorps sécrétés par les B sont constitués par la séquence
primaire de résidus de la macromolécule (déterminants linéaires ou
séquentiels) et/ou par la structure secondaire, tertiaire ou
quaternaire de la molécule (déterminants conformationnels).
2. Taille
En général, les déterminants antigéniques sont de petite taille, de
l’ordre de 4-8 résidus (sucres ou acides aminés). Le site de liaison
de l’anticorps à l’antigène pourra lier un déterminant antigénique
de 4-8 résidus.
3. Nombre
Bien qu’en théorie chaque enchaînement de 4-8 résidus puisse
constituer un déterminant antigénique, dans la pratique, le nombre
de déterminants antigéniques par antigènes est bien inférieur au
nombre théorique possible. Habituellement, les déterminants
antigéniques sont limités aux parties de l’antigène accessibles aux
anticorps comme montré dans la Figure 4 (les déterminants sont
indiqués en noir).
.
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B. Déterminants reconnus par les lymphocytes T
1. Composition
Les déterminants antigéniques reconnus par les lymphocytes T sont
constitués de la séquence primaire en acides aminés d’une protéine.
Les lymphocytes T ne reconnaissent comme antigène ni les
polysaccharides ni les acides nucléiques. C’est la raison pour
laquelle les polysaccharides sont généralement des antigènes T-indépendants
alors que les protéines sont des antigènes T-dépendants. Les
déterminants antigéniques n’ont pas besoin d’être localisés sur des
surfaces exposées de l’antigène dans la mesure où la reconnaissance
des déterminants antigéniques par les lymphocytes T nécessite une
dégradation préalable de l’antigène en peptides par des enzymes
protéolytiques. Les peptides libres produits ne sont pas reconnus
tels quels par les lymphocytes T, mais ces peptides s’associent aux
molécules codées par le complexe majeur d’histocompatibilité (CMH)
et c’est le complexe peptide-CMH ainis formé qui est reconnu par les
lymphocytes T.
2. Taille
En général, les déterminants antigéniques ont une taille de l’ordre
de 8-15 acides aminés.
3. Nombre
Bien qu’en théorie, chaque enchaînement de 8-15 résidus puisse
constituer un déterminant antigénique, en pratique, le nombre de
déterminants antigéniques par antigène est bien inférieur au nombre
théorique possible. Les déterminants antigéniques sont en fait
limités aux portions de l’antigène qui peuvent se lier au CMH. C’est
la raison pour laquelle on peut avoir des différences dans les
réponses immunitaires d’individus exprimant des molécules du CMH
différentes.
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Figure 5
Les superantigènes activent une fraction large de lymphocytes T
contrairement aux antigènes T-dépendants conventionnels
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VII. SUPERANTIGENES
Quand le système immunitaire rencontre un antigène T-dépendant
conventionnel, seule une faible fraction (1 sur 104 -105) de la population
des cellules T est capable de reconnaître l’antigène et s’active (on parle
de réponse monoclonale/oligoclonale). Cependant, il existe des antigènes qui
activent de façon polyclonale une large fraction des cellules T (jusqu’à
25%). Ces antigènes sont appelés superantigènes (Figure 5).
Des exemples de superantigènes sont: les entérotoxines du
Staphylocoque (intoxications alimentaires), la toxine de choc toxique du
Staphylocoque (syndrome de choc toxique), les toxines exfoliantes de
Staphylocoque (syndrome d’épidermolyse aigüe) et les exotoxines pyrogènes de
Streptocoque (état de choc). Bien que les superantigènes bactériens soient
les plus étudiés, il existe également des superantigènes viraux ou venant
d’autres micro-organismes.
Les maladies liées à l’exposition aux superantigènes sont, en partie, liées
à une hyper-activation du système immunitaire conduisant au relâchement de
cytokines biologiquement actives par les lymphocytes T activés.
VIII. DETERMINANTS RECONNUS PAR LE
SYSTEME IMMUNITAIRE INNE
Les déterminants reconnus par les composants du système immunitaire inné
(non spécifique) diffèrent de ceux reconnus par le système immunitaire
adaptatif (spécifique). Les anticorps et les récepteurs des cellules B et T
reconnaissent des déterminants distincts et présentent un degré élevé de
spécificité, qui permet au système immunitaire adaptatif de reconnaître et
réagir contre un agent pathogène particulier. En revanche, les composants du
système immunitaire inné reconnaissent de larges motifs moléculaires trouvés
chez les pathogènes, mais pas chez l'hôte. Ainsi, ils n'ont pas un degré
élevé de spécificité comme celui retrouvé dans le système immunitaire
adaptatif. Les motifs moléculaires partagés par de nombreux pathogènes
reconnus par le système immunitaire inné ont été appelés PAMP (motifs
moléculaires associés à des pathogènes) et les récepteurs de PAMP sont
appelés PRR (Pattern Recognition Receptors). Un PRR particulier peut
reconnaître un motif moléculaire qui peut être présents sur un certain
nombre d'agents pathogènes différents permettant au récepteur de reconnaître
des agents pathogènes variés. Quelques exemples de PAMP et de PRR sont
illustrés dans le tableau 1
Table 1 Exemples de motifs moélculaire
de pathogènes de type PAMP et leurs récepteurs |
PAMP |
PRR |
Conséquences biologiques de l’interaction |
Composants de
la paroi des microbes |
Complément |
Opsonisation, Activation du complément |
Sucres contenant du mannose |
Mannose-binding protein |
Opsonisation et activation du complément |
Polyanions |
Récepteurs « scavenger » |
Phagocytose |
Lipoprotéines de bactéries Gram +
Composants de la paroi des levures |
TLR-2 (Toll-like receptor 2) |
Activation des macrophages, sécrétion de cytokines
inflammatoires |
ARN double brin |
TLR-3 |
Production d’interféron (antiviral) |
LPS (lipopolysaccharide des bactéries Gram -) |
TLR-4 |
Activation des macrophages, sécrétion de cytokines
inflammatoires |
Flagelline (bactéries flagellées) |
TLR-5 |
Activation des macrophages, sécrétion de cytokines
inflammatoires |
ARN viral simple brin riche en U |
TLR-7 |
Production d’interféron (antiviral) |
ADN contenant des motifs CpG |
TLR-9 |
Activation des macrophages, sécrétion de cytokines
inflammatoires |
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